Un peu plus d’un mois avant la sortie d’Hellblade : Senua’s Sacrifice, Polygon nous renseignait sur le départ de Tameem Antoniades. Directeur créatif du premier opus, mais aussi investigateur des premiers éléments de sa suite, son exode a quelque peu secoué les attentes autour d’Hellblade 2. Les qualités d’Hellblade résidaient-elles dans cet homme, ou ses trois co-successeurs ont-ils relevé la barre ?
Expédition expédiée
À vrai dire, si l’on avait adoré ici le premier Hellblade, pour sa direction artistique, son postulat audacieux, ses combats intenses et ses graphismes, la fin laissait perplexe. Alors que tout semblait se résoudre pour son héroïne, à quoi bon nous promettre de nouveaux défis à relever ? Quelques années plus tard, on retrouve donc Senua en pleine quête salvatrice pour son peuple, envoyé à l’esclavage en actuelle Islande.
C’est en tout cas le synopsis de départ, qui part malheureusement vite en vrille. L’histoire du premier était certes simple, mais également profonde et bien étudiée. Dans Hellblade 2, l’écriture est beaucoup moins rigoureuse. La faute peut-être à plus de personnages présents, qui sont trop peu développés. On se retrouve donc avec un manque d’empathie avec eux, mais aussi pour Senua, dont l’épopée semble rabâchée. Et ce ne sont pas les ellipses qui permettront d’ajouter de l’épaisseur à l’histoire. On a plutôt l’impression d’être dans une quête secondaire, sans trop savoir pourquoi on fait les choses, tout en se téléportant de niveau en niveau. Là où le premier épisode ressemblait à une véritable odyssée intérieure, sans lâcher son personnage principal.
Et si c’était vrai ?
Le traitement de Senua justement paraît presque être une trahison envers le précédent jeu. Si les différentes voix dans sa tête semblent plus viles et les hallucinations plus effroyables sur le début, il n’en est rien. Les voix sont ainsi réduites à un véritable chœur de tragédie qui commente l’action et l’histoire, mais n’interagit plus avec Senua. On pourrait se dire que l’héroïne a fait la paix avec elle-même à la fin d’Hellblade, mais à quoi bon les laisser dans ce cas ?
De plus, si le premier opus (encore une fois) posait la question presque littéralement : et si les « fous » voyaient vraiment des choses que nous ne pouvons pas observer ? Et les Dieux sont-ils issus de nos psychoses ? Cette suite détruit entièrement cette théorie, puisque désormais, il est établi que les géants existent. Les pnj les remarquent également, et se battent même contre eux. Le questionnement entre folie et mythes est aboli, pour affirmer uniquement le surnaturel du jeu.
Les mêmes énigmes, des combats moins bons
Côté progression et mécaniques, Hellblade 2 n’évolue pas, voir régresse. Ainsi, les énigmes par exemple fonctionnent toujours sur le principe d’anamorphose. Il s’agit de retrouver un symbole dans le décor, en se plaçant au bon endroit, un peu comme les points d’interrogation dans Batman Arkham Asylum. Petite médication cette fois : il est possible de faire apparaitre ou disparaitre certains obstacles pour trouver l’angle just. On ne peut qu’être consterné devant ce manque d’imagination, lorsque l’on se souvient des épreuves du premier, soit une série de casse-tête toutes originales, n’apparaissant qu’une fois dans le jeu.
Hélas, ce n’est pas non plus les séquences de combats qui relèveront le niveau. Adieu la fausse permamort (ce qui est normal), le coup de pied (ce qui l’est beaucoup moins) et surtout les affrontements à plusieurs opposants (ce qui ne l’est pas du tout). Il ne s’agit que de combats en un contre un, là où le premier opus nous mettait face à deux, trois voir cinq ennemis à la fois. La tension était palpable, car le positionnement devait être en permanence rigoureux. Dans Hellblade 2, il suffit d’attaquer et parer au bon moment. Le jeu est donc plus simple, même si, il est vrai, les conflits ne perdent pas en intensité. Car si les développeurs ont sacrifié le nombre d’assaillants, c’est pour magnifier la mise en scène des combats. Il est indéniable que ces affrontements chorégraphiés en mettent plein la vue, mais sont-ils pour autant meilleurs ? Non, assurément pas.
Hellblade 0.5
Qu’importe que le jeu ne fasse que 7 heures, mais qu’importe également la plastique, quand les mécaniques ne suivent pas. Il y a des suites que l’on qualifie amèrement ou non de « 1,5 ». Pour Hellblade 2, ça n’est même pas le cas.
Tout se ressent tantôt comme une stagnation, à l’instar des es énigmes ou de la magnifique direction artistique, tantôt comme une terrible régression, notamment ses combats moins complexes, et surtout son histoire, ses symboles.