Fortnite, ou l’Oasis de Ready Player One


Analyses, Chroniques / mercredi, février 28th, 2024

En début d’année 2024, Readyverse Studios fut fondé pour mettre en œuvre un multimondes de multilicences. Bref, un métavers de jeux, comme celui de Ready Player One. Et pour cause : l’auteur du livre est au cœur du projet. Un vaste et ambitieux programme qui se heurte à une question : l’Oasis n’existe-t-elle pas déjà avec Fortnite ?

Oasis is good

Rappel des faits. Dans l’œuvre d’Ernest Cline, l’Oasis est un monde virtuel que l’on rejoint grâce à un casque de réalité virtuelle autonome. L’utilisateur a alors la possibilité de rallier un bon nombre d’univers différents, que ce soit des jeux, des boîtes de nuit ou même sa propre école. Pour évoluer dans cet endroit, le joueur choisit (ou plutôt achète) différents accessoires de customisation pour son avatar, voire des skins.

L’Oasis est en effet un monde où toutes les licences de la culture populaire semblent se côtoyer. C’est bien sûr plus visuel dans le film de Steven Spielberg, où des personnages d’Halo, de Battleborn et de Chun-Li se croisent librement. En plus de ces peaux de marques, l’utilisateur peut également faire l’acquisition d’objets spécifiques, toujours sortis d’autres films et jeux vidéo. Un côté pay-to-win évident, puisque l’on peut débourser moult écus pour une sainte grenade dévastatrice.

Sauve la cheerleader

Lancé en 2017, Fortnite : Sauver le Monde s’accompagne vite d’un battle royale quelques mois après sa sortie. Si l’histoire a oublié le premier mode au profit du second, c’est parce que celui-ci a largement explosé, devenant rapidement le mode principal. Fortnite est donc globalement un jeu de tir où un maximum de 100 rivaux s’affronte jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un, façon Highlander.

Étant gratuit, le titre doit donner envie à ses utilisateurs de dépenser son argent dans des cosmétiques. Si les premiers skins sont des variantes des personnages de Fortnite, très vite Epic Games mise sur des collaborations. Ainsi, il n’y a pas besoin de regarder Ready Player One pour voir Chun-Li contre Master Chief justement. Des centaines de skins basés sur des licences sont disponibles, et en partie, c’est un véritable pot-pourri de la culture actuelle qui s’anime. Quitte à parfois dénaturer les personnages utilisés, puisqu’on peut tout à fait armer Kratos d’un fusil d’assaut.

Whaddya buyin » ?

Fortnite et Ready Player One partagent également la possibilité d’utiliser des objets légendaires. Ainsi, le jeu d’Epic Games propose depuis quelques années de pouvoir se balancer comme Spider-Man, de lancer un Kamehameha, de s’armer des griffes de Wolverine, ou encore de porter un Claptrap.

Évidemment, le tout est interchangeable et compatible. Il est tout à fait possible de voir John Wick tirer avec un pistolet Star Wars. Cependant, à l’inverse de l’univers imaginé par Ernest Cline, ces objets ne tombent pas dans le pay to win. Ils sont soit limités aux modes non compétitifs, soit une sorte de skin. Il faut dire que l’inverse mettrait la communauté en colère, là où celle de l’Oasis semble totalement accepter le pay to win à outrance.

Second Second Life

On l’a dit, l’Oasis est également un monde virtuel offrant un large choix d’espaces et d’activités. Peu à peu, Fortnite s’est aussi vu augmenter le nombre de possibilités et de gameplay pour le joueur. Il est loin le temps où seuls deux modes co-existaient. Depuis, Fortnite Créatif est arrivé, permettant de créer ses propres règles de jeu, explosant alors les perspectives.

Mais c’est surtout l’implémentation des trois derniers modes en date qui souligne le côté Ready Player One du titre. Ainsi, en 2023 est apparu LEGO Fortnite, soit un jeu de survie de briques vêtues et quelques compatibilités entre les skins achetés et les minifigs. Fortnite Festival quant à lui est développé par Harmonix, et donc sans surprise, un jeu de rythme façon Rock Band. Enfin, Rocket Racing, créé par Psyonix, est un jeu de course influencé par Trackmania, ou plutôt de certains tracés de GTA Online, qui font un carton.

De la suite dans les idées

Ainsi, en un an, Fortnite n’est plus qu’un jeu, mais une plate-forme, un menu, qui permet de lancer une partie de Battle Royale, puis une course, et enfin terminer par de la construction de maisons. Comme l’Oasis, les gameplays se sont multipliés tout en n’étant qu’un nom. Le tout avec la possibilité de parcourir ces mondes avec son skin fétiche.

Trois modes en un an, et cela ne semblent pas s’arrêter. En effet, Disney s’est intéressé à  ce multivers en injectant 1, 5 milliards dans une part d’Epic Games. Si des skins et objets Star Wars et Marvel étaient déjà présents, il faut s’attendre cette fois à l’arrivée de personnages Disney ou Pixar, mais surtout, à de nouveaux modes de jeu. Batailles intergalactiques ? Duels de superhéros/vilains ? Ou des villes à visiter comme dans le trailer ? Rien n’est sûr, mais cette dernière image rappelle encore une fois celle des mondes de l’intro de Ready Player One.

L’Oasis est un mirage

Si Fortnite et Ready Player One sont de plus en plus en proche, notons tout de même que l’Oasis reste un univers utopique (ironiquement dans une oeuvre cyberpunk). Tout d’abord, tout le monde semble apprécier cet espace, toutes les personnes de tous les catégories et âges paraissent s’y ruer fréquemment. Un tel engouement, même pour le média le plus rémunérateur, n’est pas encore envisageable.  De plus, l’accès à cet univers virtuel se fait… via un casque de réalité virtuelle. Et cette technologie est on ne peut plus de niche, même presque dix ans après son lancement. De même, celle-ci est bien loin d’arriver aux possibilités des casques du film ou du livre, comme la reconnaissance faciale et de mouvements.

Il est donc peu probable d’atteindre ce stade de jeu. Le simple fait de voir Epic Games lancer son titre dans la réalité virtuelle parait déjà peu imaginable. Que ce soit par les coûts de développement, le faible parc d’utilisateurs de VR, ou le simple fait qu’il s’agisse d’un jeu à la troisième personne. Mais après tout, Ready Player One ne se passe t-il pas en 2045 ?

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