Il aura fallu 20 ans à Nintendo pour digérer le très particulier long-métrage Super Mario Bros. en prises de vue réelles. Mais le retour en grâce des adaptations filmiques de jeux vidéo aura eu raison de la réserve du constructeur japonais. La démarche est réfléchie, murie et un poil moins opportuniste.
Après les punks, le LSD
Après plusieurs séries génératrices de memes, les frères Mario repassent en animation, mais en 3D cette fois-ci. Une stratégie qui parait logique, tant les progrès techniques des jeux Mario les rapprochent du cinéma d’animation. C’est aussi une bonne façon de rameuter les plus jeunes, ce qui était déjà plus difficile avec l’adaptation punk de 1993.
Le savoir-faire d’Illumination (le studio qui a fait déferler les Minions dans notre monde) est évidemment toujours au top, les animations sont délicieuses, tout comme les décors. Difficile de choisir dans tous les niveaux de Mario, mais le tri effectué permet de grands écarts d’ambiance, qui oscille entre le terrifiant (si si) et surtout, le psychédélique. Super Mario Bros. déborde de couleurs comme rarement un film d’animation ne l’aura fait. Côté doublage, c’est tout aussi hystérique, même si l’on aura tendance à préférer la VF pour éviter le naufrage de Chris Pratt.
Champignon Film Sandwich
Super Mario Bros. reprend à la lettre les prétextes des jeux de la licence : trouver la princesse Peach, sauver Luigi et battre Bowser. Un scénario certes classique, mais s’attendait-on vraiment à quelque chose de plus profond ? Il y a effectivement ce côté obstiné de Mario, qui recommence encore et encore, comme une allégorie du joueur cherchant à terminer un niveau ou un combat de boss, mais la méta s’arrête là. Au mieux, les réalisateurs nous font la surprise de rendre hommage au film de 1993, avec un passage à Brooklyn.
Que serait d’ailleurs une adaptation populaire sans clins d’œil ? Super Mario Bros. en déborde bien sûr, que ce soit visuellement, textuellement, ou même de façon sonores. Une évidence qui l’est d’autant plus quand on sait que les réalisateurs, Aaron Horvath et Michael Jelenic, ont travaillé sur Teen Titans Go !, une licence qui balance une référence toutes les deux minutes. Et cette envie de faire du gag, a tendance à malmener le rythme du film. On pense notamment aux retours dans la forteresse de Bowser, qui ressemblent beaucoup à des sketchs interludes.
Ready Player One
Et si vous pensiez que ces gags sont pour les plus jeunes, il n’en est rien. Super Mario Bros. est un film fait par des fans, pour des fans, et pour engendrer de futurs fans (« ce n’est pas une pub, c’est du cinéma », dit ironiquement un personnage). Les références peuvent donc être complexes et pas seulement quand elles citent la licence. Les Beastie Boys, AC/DC, Bonnie Tyler, Mad Max, Evil Dead… on est loin d’un univers facile à reconnaitre pour les enfants. Pour cause, on devine que les créateurs voulaient rendre hommage aux années 80, décennie de la naissance de Mario.
Et si ces séquences musicales sont très sympathiques, sur la longueur, le film semble diffuser une playlist Deezer 100 % années 80. C’est d’autant plus dommage que Super Mario Bros. n’est jamais meilleur que quand l’action est sublimée par une réorchestration des classiques de la licence.
Super Mario All-Stars
À force de vouloir en montrer trop, Super Mario Bros. se prend parfois les pieds dans son propre tapis de références donc. Il faut cependant remarquer que le film arrive à intégrer l’adaptation de 93, plusieurs mondes et ennemis emblématiques de Mario, Donkey Kong, Mario Kart, plusieurs jeux d’arcade… le tout en 1 h 30, sans utiliser de chausse-pied.
Tout rentre… ou presque. Nintendo et Universal n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’une suite est déjà dans les tuyaux (vous l’avez ?). On se prend alors à rêver que cette réussite, tant commerciale que critique, motivera Nintendo à proposer des films Metroid, Zelda, Luigi’s Mansion… En tout cas, une chose est sûre, devant le faible nombre d’adversaires convaincants, Super Mario Bros. s’impose aisément comme la meilleure adaptation de jeu vidéo, sans être un film transcendant pour autant.
Né en 78, je l’ai vu au cinéma avec un né en 2007 (donc consoleux) et une née en 2016 (pas consoleuse mais connaisseuse de l’univers). Idem avec une autre personne adulte mais moins geek que moi.
Au final, tout le monde a apprécié car tout le monde a trouvé ce qu’il voulait :
– un film d’animation assez réussi
– des références actuelles (Mario est indémodable)
– des références « anciennes » (musique années ’80 ou vieux jeux vidéo oubliés du grand public)
Finalement ce film est à l’image des produits BigN : pour toute la famille.
On rajoute une VF plutôt réussie et voilà.
Il en faudrait peu pour que ça soit un ratage, mais ce n’est pas le cas et ce n’est pas, chose rare (?) un film que l’on regrette d’être allé voir en salle plutôt que sur son canapé.
Surtout que pour la diffusion arrière, qui héritera du bébé ? Netflix ? Disney ?
Bonne critique du coup 😉