Ciné Parallèle – Splinter Cell Double Agent


Chroniques, Ciné Parallèle / mardi, juin 28th, 2022

Sort ironique que celui de Sam Fisher. Lui qui était habitué à se fondre dans l’obscurité, n’est plus que l’ombre de lui même. Après 6 jeux étalés sur 11 ans, l’agent secret se fait un peu trop discret, apparaissant de temps à autre tout de même dans le Tom Clancy’s verse. Il faut dire que son histoire (personnelle et critique) s’est ternie après un 4e opus aussi génial que différent.

Le Casino Royal de Splinter Cell

Les trois premiers jeux lorgnent déjà clairement du côté du cinéma. Gadgets à la James Bond, scénario technothriller à rebondissements, des cinématiques avec des angles de caméra réalistes, des situations variées et dignes d’un film d’action… Cependant, les studios d’Ubisoft ont du mal à donner corps aux aventures de Sam Fisher. Les personnages sont peu travaillés, même pour le héros, dont on sait tout juste qu’il a (uniquement ?) une fille.

Conscient qu’il s’agit du seul matériau disponible pour développer l’histoire, Ubisoft Shanghai utilise cette dernière pour dynamiter le contexte : la fille de Fisher étant morte, il n’a plus rien à perdre et accepte une mission encore plus dangereuse que jamais. On sent que l’éditeur avait largement axé sa communication sur ce point de départ, car dans le jeu, ce drame est pourtant expédié en une rapide cinématique. Quoi qu’il en soit, Double Agent redéfini son héros et l’humanise, même si cela reste maladroit.

My name is Sam Fisher and this is the longest day of my life

Il n’a pas échappé aux critiques de l’époque que Splinter Cell Double Agent s’inspire fortement de la série 24. Les interrogatoires musclés avaient beau déjà être présents depuis le début de la saga, ils sont ici encore plus forts. Mais c’est surtout le contexte du jeu qui rappelle la vie incroyable de Jack Bauer. Sam Fisher est sous couverture et infiltre une cellule terroriste. À l’intérieur du QG ennemi, il multiplie les actions de double jeu (pirater un serveur, placer un mouchard…) qui créent une nouvelle sorte de tension permanente. Tandis qu’à l’extérieur, nos commanditaires nous contraignent à quelques ordres qui vont mettre notre moralité à mal. Où s’arrête le bien quand on tente de déjouer un complot ?

Une véritable adaptation des situations embarrassantes de Jack Bauer,  souvent forcé de coopérer avec l’ennemi, quitte à commettre des impairs. Notamment en sabotant le propre QG du CTU, tout en attirant le moins possible l’attention. Si le contexte est inversé, la tension est la même. Tout comme le QG dont, le style, très milieu 2000, est semblable (on y retrouve d’ailleurs le même « mirador » intérieur).

Le département d’Etat nierait avoir eu connaissance de vos agissements

La famille des agents secrets étant grande, cette aventure de Sam Fisher rappelle également un certain Ethan Hunt. Difficile de ne pas penser au premier film Mission Impossible lorsque l’on doit poser un mouchard en étant suspendu avec un câble dans le dos. Brad Bird semble renvoyer l’ascenseur aux développeurs, lors de Protocole Fantôme. Dans l’une des scènes, Ethan Hunt escalade littéralement le plus haut gratte-ciel du monde, le Burj Khalifa, à (presque) mains nues. Trois ans plus tôt, Sam Fisher avait lui aussi joué les équilibristes sur… la plus grande tour jamais construite à l’époque : la tour Shanghai. Toutefois, le réalisateur avait confié en 2016 que le jeu vidéo devait inspirer avec parcimonie le cinéma, difficile donc de dire qu’il s’agit d’un clin d’œil conscient.

Cependant, la coïncidence est amusante et renvoie au jeu vidéo Mission Impossible : Operation Surma. On l’a dit, Splinter Cell s’est construit autour du cinéma et il ne fait aucun doute que la saga de Tom Cruise fut une inspiration. Et lorsque la défunte Cruise/Wagner Productions commande un jeu se situant entre Mission Impossible 2 et 3, les développeurs vont naturellement vers le gameplay de Splinter Cell. Les liens entre ces deux fictions (qui comptent pour le moment 6 jeux d’un côté et 6 films de l’autre) sont décidément étroits. Notamment ce 4e volet qui se veut bien plus blockbuster que n’importe quelle autre aventure de Sam Fisher.

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