Initialement prévu pour Tony Scott (réalisateur du premier film), Top Gun Maverick se fit finalement sous la houlette de Joseph Kosinski, principalement connu pour deux blockbusters qui font aujourd’hui écho à Maverick. Le premier étant Tron : L’héritage, la suite risquée d’un film culte de 1982, tandis que son deuxième fait d’armes majeur est Oblivion, où Tom Cruise est acteur principal.
Microsoft Flight
Il faut également noter que Kosinski a travaillé en collaboration avec Microsoft pour trois bandes-annonces de trois exclusivités Xbox 360 : Halo 3, Halo 4 et le magnifique trailer « Mad World » pour Gears of War. Le réalisateur s’y connait donc quelque peu en jeu vidéo et il ne faudra pas moins de trente minutes de film pour s’en apercevoir. À travers un briefing vidéo digne d’un écran de chargement, on comprend que les pilotes vont devoir voler à très basse altitude dans un canyon, et ce à grande vitesse, avant de larguer des bombes avec précision. Quiconque ayant joué à une « simulation » d’aviation pendant ces dix dernières années a déjà fait cette mission. Un niveau classique, que l’on retrouve aussi bien dans H.a.w.x. que dans le dernier Ace Combat 7. On parle d’ailleurs d’avions sans pilote, que l’on combattait déjà dans ce dernier titre.
Le scénario est à vrai dire une excuse un peu risible (la traduction nous parle d’un « état voyou » pour désigner l’ennemi) pour voir Tom Cruise jouer les casse-cou en images de synthèse. Cette histoire est aussi presque prévisible de bout en bout, que ce soit au niveau des relations entre personnage ou au niveau de l’action, bien que quelques surprises soient de la partie.
Treize à la douzaine
Si Top Gun Maverick est aussi devinable, c’est aussi parce qu’un autre sentiment de déjà vu nous envahit. Cette histoire de vieux (acteur) trompe-la-mort qui enseigne à des jeunes (acteurs) tout ce qu’il sait, c’était déjà l’histoire de The Expendables 3 ou plus récemment de Bad Boys 3. Trois blockbusters avec d’anciens actioners aux commandes, qui tentent de transmettre leur aura a une nouvelle génération. Ça n’a jamais marché jusque là, et ça ne marche pas non plus avec Maverick, mais l’idée permet surtout ici de mettre le plus d’avions possible à l’écran, même si les personnages secondaires ont autant de développement que la surface d’un timbre. Le film ironise d’ailleurs la chose avec un personnage dont le seul trait de caractère est de s’appeler Bob.
Encore une fois, cette suite veut aller à l’essentiel. Kosinski a parfaitement saisi l’essence de Top Gun : son ambiance 80, sa bande-son, ces personnages musclés en sueur qui font du sport, les vannes sur qui a la plus grosse et surtout des avions. Le réalisateur restitue parfaitement cette atmosphère, du moins dans la première moitié du film (voir moins) avant de se concentrer sur la psychologie de Maverick.
Tom Cruise
Depuis quelque temps, il est de bon ton d’analyser la filmographie de Tom Cruise comme étant sa propre vie. Né un 4 Juillet ? L’acteur et le personnage principal sont deux jeunes qui veulent montrer de quoi ils sont capables. Entretien avec un Vampire ? Tous les deux avaient une image narcissique. Le film catastrophe La Guerre des Mondes ? Pile pendant sa période d’image catastrophique. Evidemment, Top Gun Maverick n’échappe pas à la règle : c’est un film sur Tom Cruise.
Impossible de ne pas dresser un parallèle quand les personnages parlent du pilote comme un « ancêtre », qu’il devrait songer à passer le flambeau, qu’il n’est plus capable de faire ce qu’il faisait. Ce à quoi il répond : « je suis à ma place », je n’ai pas d’autre regard. En bref, que malgré les critiques et son âge (59 ans), il n’est pas prêt d’arrêter et qu’il préfère être aux commandes plutôt que de jouer les seconds-rôles pour une nouvelle génération. Le tout enrobé dans la suite d’un de ses films cultes, modernisé avec une superbe image, colorimétrie et de superbes séquences musicales (celle sur The Who nous restera dans la tête).