Ciné Parallèle – I, Robot


Chroniques, Ciné Parallèle / dimanche, février 27th, 2022

Il y a quelques années, nous vous parlions déjà d’Alex Proyas dans un Ciné Parallèle sur Dark City. Sa filmographie est décidément influencée par le jeu vidéo, même à travers l’adaptation de l’œuvre d’Asimov. On retrouve encore une fois une ville digne d’un city builder, mais c’est surtout à ses thèmes et à la construction de l’enquête que l’on va s’intéresser.

Coucou David Cage

C’est en 2004 que sort I, Robot. Un film qui tente de mélanger trois romans d’Asimov, grand écrivain de science-fiction et inventeur de la robotique. Pour réduire le tout à presque deux heures de film, quoi de mieux qu’une enquête policière, mêlant suicide intriguant, robot conscient et complot ? Le duo principal n’est autre que Will Smith (l’incontournable de l’époque) et Bridget Moynahan. Tous deux doublés en français par Greg Germain et Françoise Cadol. Deux voix qui vous sont sans doute familières, et qui se retrouveront surtout un an après dans Fahrenheit. Deuxième jeu de Quantic Dream où les deux comédiens français donnent leur voix… à des enquêteurs.

Coïncidence ou influence ? Le doute est permis, puisque l’histoire de Detroit : Become Human (dernier jeu en date de Quantic Dream), et notamment l’arc de Markus, comporte beaucoup de similitudes avec le scénario d’I, Robot. Markus se découvre en effet la capacité de débloquer son libre arbitre, de peindre (là où Sonny dessine, dans le film) et peut même devenir leader d’une rébellion, ce qui est l’un des sujets du long-métrage de Proyas.

Charisme exigé

Pour créer une enquête policière du futur, le film déploie une idée tout aussi intéressante qu’incohérente : celui de l’enregistrement à commande vocale. Lors du décès de la victime, celle-ci laisse un hologramme de lui-même qui ne répond qu’à des questions spécifiques. Au-delà de créer un escape game pervers post-mortem, Alfred Lanning devient le PNJ d’un film.

Il renvoie à tous ces jeux où l’on choisit une phrase pour faire avancer une quête. Mass Effect, Elder Scrolls et même les Telltale demandent parfois que d’avoir le bon choix de dialogue pour débloquer une situation. La seule différence ici, c’est que l’inspecteur Spooner ne dispose pas de question préétablie. On pense alors à L. A. Noire, un jeu d’enquête où l’on avance des interrogatives via des preuves. C’est exactement ce que demande Lanning en disséminant des indices.

Attention divulgâchage

Une fois l’enquête touchant à sa fin, le film prend un tournant sec pour entrer dans une bonne demi-heure d’action. Le coupable n’est autre qu’une intelligence artificielle féminine, qui ressemble fortement à celle de System Shock. L’I.A. prédatrice (et notamment dans le jeu vidéo, de Portal à Mass Effect en passant par Halo 5), c’est surtout le concept de la femme fatale, mais dans le futur. Une personnalité sur laquelle on se repose, avant de se faire trahir.

S’en suit une lutte acharnée entre humains et robots, dans un déluge de balles. Ce qui nous fait penser à deux jeux post-I, robot : Binary Domain et Robo Recall. Deux titres d’action pure où l’on tire exclusivement sur des androïdes. Ce qui permet une catharsis de violence sans que celle-ci soit fortement imagée. D’autant plus que cela justifie même un démembrement tactique (viser une jambe pour ralentir l’ennemi), sans que cela soit jugé malsain ou gore. On peut alors s’en donner à cœur joie, sans exprimer de remords : ce ne sont que des machines. C’est aussi une façon de créer une armée d’adversaires en tout point identique.

Rosebud

Si I, Robot a sans doute clairement influencé de nombreux jeux, il peut être lui-même perçu comme un film sur le jeu vidéo. On a déjà mentionné le côté PNJ de Lanning, mais ses discours sont aussi chargés de sens. Celui-ci déclare :

Il y a toujours eu des fantômes dans la machine, des segments aléatoires de code qui se sont regroupés pour former des protocoles imprévus, non anticipés.

Une poétique manière de parler des bugs qui, parfois, interrogent presque sur l’intelligence artificielle, tant elle produit des comportements involontaires et surprenants. C’est également l’ambition de certains développeurs, de créer une IA capable d’étonner le joueur. Comme celle du prochain Gran Turismo 7, qui prend des virages qui n’avaient jamais été négociés de cette façon auparavant.

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