Cela fait un petit moment que des anciens d’Avalanche Studios (Just Cause), nous allèchent avec des images de Biomutant. Un RPG dans lequel on incarne une créature aussi mignonne que badass. Problème, le jeu de Experiment 101 n’est ni beau ni furieux.
Fable interminable
Biomutant se veut une fable écologique. On le comprend très rapidement, la race extincte qui a bouleversé copieusement le monde est celle des humains. Notre dernière catastrophe environnementale nous emmènera avec elle, et transformera la flore et surtout la faune. Les animaux parlent, créent des clans, se battent, et tentent de dompter les ruines humaines qu’ils ont du mal à assimiler. Nombreuses sont les références à nos technologies, qui ressortent comme autant d’arguments fallacieux sur « c’était mieux avant ».
Pour nous faire rentrer cette fable au forceps, Biomutant dispose d’un narrateur. Unique véritable voix que vous entendrez (à l’exception de vos consciences positive ou négative). C’est là tout un problème, car cette figure devient très vite insupportable puisqu’il est le seul à parler, d’autant qu’il le fait tout le temps. Il traduit les personnages (qui s’expriment tous en yaourt), vous rappelle l’histoire en cours, et ne se prive pas non plus pour commenter vos actions avec des jeux de mots dignes de Jean Roucas. On sent d’ailleurs qu’Experiment 101 n’était pas à l’aise avec ce narrateur puisqu’il est possible de réduire ses lignes de dialogue dans les options. Ça n’est hélas pas suffisant, car les personnages eux-mêmes se répètent joyeusement et vous parleront tous de « choisir votre voix » à un moment ou à un autre. Bref, la narration, ennuie poliment, puis frustre, jusqu’à se que l’on passe tous ces textes qui se ressemblent.
Fable tout court
Chose ironique, c’est que si les personnages vous parlent tous de destinée et de tracer votre chemin, les choix que vous réalisez sont en réalité peu nombreux et sans impact sur votre aventure. Vous embrasserez un clan au début et quelques lignes de dialogues par la suite. Ce qui vous fera passer de l’ombre à la lumière (et vice-versa)… et c’est tout. On a l’impression d’être revenu à l’époque du premier Fable !
Ce n’est d’ailleurs pas la seule ressemblance avec le jeu de Peter Molyneux. Biomutant propose également des combats tout aussi laborieux et étranges que Fable. Le personnage va trop vite, n’a pas assez d’inertie, ce qui rend les affrontements lunaires et sans aucune sensation. Aucune classe d’arme n’est agréable et les sorts présent paraissent inutiles. On finira par marteler les mêmes combos pour déclencher des attaques spéciales pourtant triviales. L’ironie, c’est que là encore, Experiment 101 semble conscient de ses approximations puisqu’il est possible de couper une grande partie du jeu lié aux batailles. La quête principale demande en effet de reprendre chaque avant-poste ennemi. Mais après une demi-douzaine de combats, il vous sera alors proposé de faire une trêve, et de couper court à cette activité quelconque.
Suggestion de présentation
On s’est fait avoir sur le gameplay et la narration, mais après tout, Biomutant ne nous avait pas plutôt attiré par sa direction artistique ? Oui, et la douche froide arrive rapidement. Au bout de 5 minutes pour être précis, juste au moment de créer son avatar. On s’aperçoit que la seule race potable est sur la couverture, et que tout écart finira par un affreux rip off de film d’animation. C’est de toute façon le cas de tous les autres personnages, mention spéciale aux ennemis, notamment à celui qui est juste tout noir. Visiblement, l’inspiration était absente le jour de la création des design.
La technique achève ce travail par une framerate souvent à la ramasse, à du clipping récurrent. À sa décharge, Biomutant offre tout de même de beaux panoramas de temps à autre, et crée le tout premier monde post-apocalyptique mignon, avec des couleurs bien criardes.
Que reste-t-il ?
Malgré tout ce négatif, quelques parcelles de positif ont poussé. À commencer par le système de craft, ce qui n’était pourtant pas gagné, pour une mécanique devenue un peu archaïque. Experiment 101 ne dépoussière pas la création/modification d’arme, mais propose plutôt l’abondance. Les possibilités sont nombreuses, parfois rigolotes, et sont forcément délectables, puisqu’elles récompensent à elles seules l’exploration.
On pense donc beaucoup de temps à arpenter les ruines du monde afin de dénicher une nouvelle poignée pour son épée, une autre crosse pour son fusil ou encore un pantalon plus présentable (là encore, le bon goût fait souvent défaut). Biomutant n’oublie d’ailleurs pas qu’il est un RPG et propose pléthore de résistances environnementales, de pouvoirs actifs, passifs, de combos et de compétences. C’est là que le jeu nous tient : par l’envie d’être toujours plus fort, toujours plus robuste et toujours moins moche. En dehors de cela, il n’est qu’une copie moyenne de Fable, 17 ans après la sortie du titre de Peter Molyneux.