Fondé en 1982, Electronic Arts ne s’intéressa étrangement aux adaptations vidéoludiques qu’au début du deuxième millénaire. Les années 2000 sont un terreau fertile qui voit fleurir des jeux James Bond, Harry Potter et même un Batman Begins sous le logo gris EA. Cette soif de franchise amène l’éditeur à un partenariat avec Marvel pour en faire une curiosité nommée Marvel Nemesis : L’Avènement des Imparfaits.
Marvel Videogamic Universe
La célèbre maison d’édition de comics n’avait bien sûr pas attendu Electronic Arts pour adapter ses héros. Spider-Man, les Avengers, les Quatre Fantastiques… ils sont tous passés par la case jeu vidéo depuis 1982. Il s’agit le plus souvent de beat’em up, ou de jeux de plates-formes/action, quel que soit le héros utilisé.
Il faut attendre Marvel Super Heroes, puis Blade pour que la forme commence à bouger, voir même à s’adapter au personnage. Spider-Man se balade dans des mondes ouverts, à l’inverse du Punisher, dont les jeux se découpent en missions linéaires.
L’avènement des Imparfaits, un nom ironique
C’est donc dans ce contexte (marqué également par le retour des héros au cinéma) que sort Marvel Nemesis. Cependant, Electronic Arts n’a pas pour but de faire les choses comme les autres, et opte pour une sorte de platform fighting game. Soit un jeu de combat où l’on se déplace librement dans des arènes 3D, et où la chute est fatale. Un genre étonnant et pourtant logique pour adapter les joutes Marvel. Les classiques jeux de combat restent trop limités pour retranscrire les affrontements des comics.
Pari réussi alors ? Non. Marvel Nemesis fut lourdement sanctionné par les critiques à cause de grosses lacunes. Des graphismes dépassés, un faible contenu (presque rien à débloquer, même pas de costumes), un gameplay ultra limité qui ne comprend que 3 variations selon le personnage incarné, et surtout, un scénario pour le moins confus.
Le cross média qui ne se rencontre jamais
Ce dernier point pourrait être le moins mauvais, et c’est pourtant le plus gênant dans Marvel Nemesis. Electronic Arts a en effet créé un one-shot narratif éponyme qui devait se croiser à travers 6 comics. Le premier problème, c’est que le jeu est incompréhensible. Un personnage se trouve sur un point A, puis part sur un point B avant de revenir au A, avec des explications tenant en une ligne. Le jeu se découpe alors ainsi : deux missions vaguement scénarisées — un boss tombe du ciel — on joue un méchant pour une raison inconnue — quelques niveaux bonus. On choisit le personnage suivant et rebelote.
On pourrait alors se dire que les comics Marvel Nemesis rattrapent le tout. Dans une certaine mesure, ces derniers offrent quelques informations sur les origines des Imparfaits (les ennemis). Cependant, la chose cocasse est que le jeu et les comics n’ont pas la même histoire. Les personnages ne sont pas au même endroit, ne font pas les mêmes choses. Par exemple, dans les comics, les héros se rencontrent tous à un moment. Dans le jeu, quelques personnages se croisent, et donc n’ont pas du tout le même regard sur la situation. On est donc plutôt sur deux histoires alternatives. Un comble, pour une volonté de cross média.
À suivre
Tout n’est évidemment pas à jeter dans ce Marvel Nemesis. Il reste un jeu de combat plutôt sympathique pour les fans, le temps d’une soirée entre amis. Il faut également la direction artistique prise dans les deux médias. Les couleurs sont sombres, des effets vidéos live action ont été implanté dans le jeu, alors que dans les comics, ce sont les lignes et la saturation qui donnent un côté sordide à l’image.
Quoi qu’il en soit, Marvel Nemesis : L’Avènement des Imparfaits fût reçu froidement par la critique, mais aussi par les joueurs. Une déception également partagée par Electronic Arts qui n’a pas resigné pour un partenariat avec Marvel. Et ce même si un jeu de combat (Marvel Chaos) fût amorcé. Le « à suivre » des comics Marvel Nemesis restera sans doute à jamais en suspens.