Le milieu vidéoludique des années 2000 est marqué par une nouvelle expression : le GTA-like. Soit un monde ouvert bac à sable (où l’on y fait ce que l’on veut), et qui se passe dans un contexte moderne. Le tout parsemé de missions principales et secondaires, liées au crime. Saints Row, Mercenaries, Just Cause, Driv3r, Total Overdose, True Crime… tous éditeurs digne de ce nom a tenté de s’approprier une part du gâteau. En 2006, Electronic Arts rejoint évident le combat avec l’adaptation du Parrain.
Une offre qu’on ne peut pas dire non
L’histoire remonte à 2004. L’éditeur voulait depuis quelque temps élaborer un GTA-like, et voit la franchise Le Parrain comme une façon de se démarquer. C’est l’occasion d’utiliser une histoire et des personnages déjà bien installés, tout en ajoutant quelques nouveautés. Et notamment le joueur, qui a une place toute particulière dans cette relecture.
Comme souvent dans le genre du GTA-like, le joueur incarne un tout nouveau venu dans la bande et qui fera les plus basses besognes pour monter les échelons. Une mécanique scénaristique classique qui est cependant justifiée par certaines scènes. La montée en puissance du personnage se fait sur le rythme du film, puisqu’il est un crescendo de tension entre les familles. Plus les frictions se créent, plus les missions confiées sont importantes.
Aldo Trapani, dit le Joueur
Si beaucoup de GTA-like de l’époque proposaient un personnage déjà construit, EA offre la possibilité de créer son avatar. Toutefois, à l’inverse de Saints Row, celui-ci n’est pas muet. Il est bien intégré dans l’histoire et dans son environnement. En fabriquant son propre personnage, c’est une partie de soi que l’on transpose dans le jeu, ce qui plonge mieux l’utilisateur dans l’histoire.
Un point très important dans cette adaptation, qui permet d’être très facile d’accès. La trilogie peut parfois être complexe avec ses nombreux personnages issus de plusieurs familles. Ici, l’identification est bien plus simple. On l’a dit, le joueur est plus concentré, car immergé dans l’histoire, mais pas seulement. Les chargements distinguent certains personnages clefs, et surtout : chaque famille a sa propre couleur. Un détail anodin dans n’importe quel jeu vidéo, qui a ici son importance. On comprend plus que jamais qui est qui dans l’histoire du Parrain, car elle est bien plus imagée. Évidemment, l’objectif pour EA est de ne priver d’aucun joueur potentiel, en restant accessible à tous.
Nos chemins se démêlent
Cependant, les développeurs n’oublient pas de créer avant tout un jeu. Les cinématiques restent beaucoup moins bavardes que le film, et se concentrent sur les scènes clefs, afin de donner les objectifs au joueur. Et c’est à ce moment que film et jeu se séparent. L’œuvre de Coppola est avant tout une histoire de famille(s), de relations entre frères (par le sang ou non), femmes, pères, etc. Les fusillades et meurtres sont au final assez rares.
On l’a dit, l’adaptation s’attarde davantage sur une nouvelle frappe. Le gameplay est donc plus terre à terre, plus violent que le film lui-même (c’est le premier jeu « rated M for Mature » pour EA). On y extorque les pauvres commerçant en faisant pression. Certains sont sensibles à la casse, d’autres aux coups et blessures, ou encore à la menace par arme à feu. Si la trilogie romance l’image de la mafia, le jeu, lui, remet les choses dans leur contexte : pour en arriver là, les moyens sont brutaux. De ce côté, Electronic Arts a fait du très bon travail. Si le de corps-à-corps (pourtant mis en avant dans la communication) est risible, les fusillades sont très satisfaisantes. Le feeling des armes est bon, les animations de mise à mort sont nombreuses et très bien réalisées, et le système de visée est plutôt correct. Il permet ainsi de désarmer l’adversaire, de le mettre à genou selon où l’on tire.
Frères d’armes
Le Parrain n’est cependant pas un jeu bourrin comme on pourrait le croire. S’attaquer aux mauvais boutiques dès le début, c’est la mort assurée. Il faut être bien monté en grade, avoir de l’équipement adéquat (des améliorations se trouvent dans les rues) et si possible engager quelques hommes de main. De plus, trop s’attaquer à la même famille lance une guerre des gangs. Ce qui donne 40 minutes au joueur pour graisser la patte du FBI ou détruire un commerce adverse, sous peine de perdre plusieurs établissements durement « acquis ».
Un système de guerre de gangs bien plus intéressants que ce qui se faisait ailleurs, notamment sur GTA San Andreas ou Saints Row, sortis peu avant. À ce propos, pour finir, le véritable concurrent de cette adaptation, c’est la licence Mafia. Seuls autres jeux d’action sur cette thématique. Cependant difficile de qualifier les deux premiers opus de GTA-like, tant la liberté et les missions secondaires sont manquantes.
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