S’il y a bien un personnage en totale contradiction avec ce qu’il est et comment il est perçu, c’est bien Rambo. Souvent décrit comme bourrin, il s’agit pourtant d’un antihéros complexe. Un homme qui aimerait éviter les horreurs de la guerre, mais qui est trop bon pour celle-ci. Mais dans ce 5e opus, l’inconscient collectif a bien raison, Rambo est juste bourrin.
Drame en 2 actes
Rambo Last Blood fait suite à la surprenante fin de John Rambo qui aurait pu (aurait du ?) clôturer la saga en beauté. On retrouve donc un Rambo enfin en paix, de retour aux États-Unis, dans sa ferme natale. Et si les années ont passé tranquillement, l’ancien soldat va devoir réutiliser ses compétences guerrières face à un cartel qui a kidnappé sa fille (adoptive) pour l’exploiter comme marchandise. Impossible de ne pas penser à Liam Neeson ayant vécu une situation très similaire dans Taken. Malgré cette similitude très forte, Last Blood dépasse ses inspirations en rendant cette histoire beaucoup plus crue. Exit la relative bienséance et la happy ending de Taken, le réalisateur ne nous cache pas les corps meurtris par les violences sexuelles et les usages de drogues.
Une fois cette revisite passée et surpassée, c’est étonnamment du côté de Home Alone que le film lorgne alors. Les scénaristes (dont Sylvester Stallone fait toujours parti) ont tablé sur la capacité de Rambo à s’approprier un lieu pour éliminer ces adversaires un à un. Sauf qu’ici, c’est sa propre maison qu’il piège, par des installations et un montage rappelant celles du film de John Hugues. À défaut que dans Last Blood, les traquenards donnent lieu à des gerbes de sang. Beaucoup de sang. Trop de sang.
Last Blood, mais beaucoup de blood
On l’a dit Rambo a toujours été vu comme un personnage bourrin, mais cette image s’est accrue avec l’avant-dernier épisode, où la violence est devenue encore plus visuelle. Sylvester Stallone voulant décrire la fureur des combats, notamment dans cette région, soit. Dans Last Blood les effets gore n’ont aucune utilité particulière, sont nombreux et filmés en gros plan. Des têtes qui explosent, des membres arrachés à la machette, tout ceci pourraient peut-être passer avec Robert Rodriguez aux manettes, mais ici tout est sérieusement grotesque.
Le fameux opus de trop
Si l’ultra-violence s’avère donc ici inutile, elle est à l’image du film. Le scénario lui-même ne fera pas avancer l’histoire de ce personnage torturé. Lui qui avait enfin trouvé la paix après des années de combat, repart au charbon comme une seconde nature, sans se poser de question. Alors que dans chaque épisode, John Rambo a toujours refusé la violence, presque par nihilisme, ici, c’est la seule réponse qu’il trouve. On dirait presque que John Rambo n’est plus vraiment lui-même. Sans le titre du film, on ne penserait même pas qu’il s’agit d’un nouveau Rambo.
Enfin, ce sentiment d’inutile est également présent par la facilité des combats. L’ancien soldat décime les rangs ennemis comme dans du beurre. Aucun obstacle ne lui barre la route, pour dynamiser ce qui se passe à l’écran. Il s’agit alors d’une suite de mises à mort grotesques jusqu’au boss final, qui ne prendra pas plus de temps que les autres.
1