La carrière de Rian Johnson semble être un grand chelem. Entre le très sympathique Looper, le meilleur épisode de Breaking Bad (série déjà encensée par la critique) et le récent Star Wars VIII, ce réalisateur de 45 sait mêler pop-culture et véritables inspirations artistiques. Alors quand on a vu que sa nouvelle création partait d’un casting all-star, on ne pouvait qu’être au minimum intrigué.
La référence des références
Dès son introduction, À couteaux tirés joue cartes sur table : il s’agit d’un film retraçant l’histoire du genre policier. Dès ses premières images donc, Rian Johnson cite ses références. De la classique découverte du cadavre jusqu’au titre, qui pourrait être celui d’un roman d’Agatha Christie. Même la police d’écriture est une référence en soi.
Le réalisateur enchaîne alors les références. Qu’elles soient directes, comme l’apparition d’un épisode de Miss Marple, la citation de Cluedo ou de CSI (Les Experts, en VO). Quant à Benoit Blanc, le manoir, ses hôtes aisés et mêlés par des histoires d’argents et de coeur sont des échos indirectes aux oeuvres classiques traitant de meurtres à élucider.
2e partie
On pourrait alors se demander si À couteaux tirés n’épuise pas son intérêt à tirer sur la carte du clin d’oeil. Sauf qu’ici, rien n’est jamais lourd vain. Les références sont en réalité plutôt amusantes et distillés avec parcimonie. D’autant plus qu’elles servent surtout à s’amuser des codes du genre. Du moins dans une première partie.
En effet, À couteaux tirés est constitué de deux blocs. Le premier (la présentation du mort, de ses suspects et du détective) se fait donc de manière détendue, grâce aux clins d’oeil. Une fois que l’enquête démarre en revanche, le récit devient hélas beaucoup trop classique. Johnson colle à ce qui l’amusait en premier lieu. Même le rebondissement original est expédié et laisse place à la déduction classique par indes. Etape d’ailleurs qui ne brille pas non plus car ces derniers sont trop appuyés et on cerne vite le coupable.
Un beau couteaux
Heureusement, À Couteaux Tirés garde d’autres atouts dans sa manche. En premier lieu son casting, et notamment Chris Evans et Daniel Craig qui trouvent là des rôles délicieusement à contre-emploi. On aurait presque aimé un peu plus de folie par rapport aux personnages, même si c’est dans le sérieux que se trouve le sel de l’interprétation de Jamie Lee Curtis par exemple.
Enfin, Rian Johnson signe encore une très belle oeuvre sur le plan de l’image. Plusieurs séquences sont brillantes et marquantes par leur composition. Notamment le jeu autour de la chaise des suspects, qui pourrait presque être piégeur. Signalons également que le montage n’est pas en reste à plusieurs moments du film. A l’inverse de la partie musicale, beaucoup trop présente.
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