Alors que politique et jeu vidéo tentent généralement de s’éviter, le choc vient d’avoir lieu il y a quelques jours. Depuis, c’est une véritable tempête médiatique qui a éclaté sur la tête d’Activision-Blizzard, et du joueur professionnel Blitzchung.
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Résumons rapidement les faits. Le 6 octobre dernier, le joueur pro de Hearthstone, Blitzchung, a profité d’un après match pour annoncer son soutien à Hong Kong. Rappelons qu’une partie de la population de ce territoire milite depuis plusieurs semaines contre l’amendement qui permet toute extradition de Hong Kong vers la Chine.
Cependant, Activision-Blizzard Taiwan a rapidement réagi avec plusieurs sanctions musclées. Retrait des gains et disqualification des prochains tournois de Blitzchung, ainsi qu’un an de suspension pour lui et les deux commentateurs qui étaient présents lors du message politique du joueur.
Ces mesures ont évidemment fait exploser la communauté. Dans une longue lettre, J. Allen Brack, président de Blizzard, a donc tenu à clarifier la situation. Il déclara que le comportement de Blitzchung est contraire au paragraphe 6.1 du règlement de la compétition Grandmasters. Un joueur peut être en effet disqualifié s’il « offense une partie du public ou porte atteinte à l’image de Blizzard ». Cependant, J. Allen Brack précise que si ce joueur avait été pro-Pékin, la sanction aurait été la même. Au passage, les gains ont été réattribués à Blitzchung, mais lui et les commentateurs restent interdits de compétitions pendant 6 mois.
Situation délicate
Si Blizzard a rétropédalé aussi vite tout en conservant paradoxalement les mesures prises, c’est que le studio se trouve piégé. Tout d’abord, rappelons que le festival Blizzcon (tenu donc par Blizzard) commence le 1er novembre prochain. L’éditeur ne peut pas se permettre un dérapage médiatique comme celui-ci, juste avant un événement aussi important.
Cependant, il faut également noter la forte participation des entreprises chinoises dans le capital d’Activision-Blizzard. NetEase s’engage par exemple à la distribution du prochain Diablo Immortals, et Tencent a développé le carton Call of Duty Mobile (et possède 5 % d’Activision au passage).
Réactions
Pour autant, la participation d’entreprises chinoises n’est pas un frein aux libertés selon certains. Évidemment, cette prise de décision a fait beaucoup parler, notamment les développeurs/éditeurs. Ainsi, Tim Sweeney (patron d’Epic Games) a tenu à déclarer que même si son studio est détenue à 40 % par Tencent, il n’y « aura aucun bannissement ou sanction pour un joueur ou créateur de contenu Fortnite qui s’exprime sur ce point ». À l’inverse, Riot Games (possédée de Tencent) soutient la décision de Blizzard, afin d’éviter les sujets sensibles.
Ce qui aurait pu être une tempête dans un verre d’eau semble s’étendre. En effet, les sites non spécialisés comme FranceInfo ont également partagé l’affaire. Pour finir, Blitzchung a enfin pris la parole lors d’un stream (traduit ici) dans lequel il se dit tout de même heureux que Blizzard soit revenu sur ses décisions, même si les 6 mois de bannissement et son avenir professionnel semblent incertains. Aucune information en revanche sur les deux commentateurs.
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