Depuis plusieurs années déjà, le jeu vidéo est devenu un média plus incisif. Des titres comme Papers, Pease et This War of Mine traitent directement des gouvernements totalitaires et de l’impact de la guerre sur les populations civiles. Mais s’ils ont été pensés pour diffuser une réflexion, est-ce que Modern Warfare, où tuer représente l’intérêt de jouer, peut être politique ?
War Never Changes
Cette question vient d’être soulevée par une interview de Game Informer. Ainsi, le campaign gameplay director Jacob Minkof et le studio narrative director Taylor Kurosaki de Call of Duty Modern Warfare ont été interrogés sur la portée politique de leur jeu. Il faut dire que ce titre se vante comme plus nuancé, plus complexe sur ses sujets traités.
Pour les deux responsables, Modern Warfare ne sera pas politisé, bien qu’il parle du « colonialisme, de l’occupation, de l’indépendance et de la liberté », tout simplement parce qu’il ne fait aucune référence directe à notre monde. Si l’on pouvait arguer que des œuvres dans un tout autre univers sont des satires politiques (1984), l’argument des deux hommes reste intéressant :
Je ne pense pas que ce soit un jeu politique. Chacun à sa vision de ce que veut dire ce terme. La question « est-ce que ce jeu est politique ? » ne veut finalement pas dire grand-chose.
Il est vrai que le sens du mot a changé de bien des manières depuis sa création, et des écoles de pensée se sont évidemment emparées du terme pour l’expliquer. De leur point de vue donc, Modern Warfare sera sans doute apolitique, quand pour d’autres, la licence a toujours diffusé une odeur de soft power. Notons tout de même que depuis plusieurs épisodes, les antagonistes sont principalement américains.
Call of America
Quoi qu’il en soit, le jeu d’Activision rejoint la liste des titres évitant l’appellation « politique ». Les créateurs de The Division 2 ont récemment réfuté cette appellation. Quant au prochain Watch Dogs Legions (et son contexte pro-Brexit), la question a été éludée. On peut imaginer que cette tendance à esquiver ce gros mot permet sans doute de ne pas froisser les convictions idéologiques et politiques de chacun. Dans le but évident de plaire (et de se vendre) à la plus grande masse possible.
Cependant, il est intéressant également de prendre le contrepoint et de se demander si ce ne sont pas les joueurs (et journalistes spécialisés) qui veulent à tout prix politiser les jeux vidéo. Cette fois-ci dans l’optique d’anoblir ce média, de lui donner une valeur ajoutée au simple « fun » qu’il procure.
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