Il est ironique de voir que si les zombies n’existent pas, ils deviennent pourtant de plus en plus nombreux à travers les œuvres. Littérature, cinéma, jeux vidéo et maintenant séries : le mort-vivant attise les artistes, car il peut être utilisé de plusieurs façons. Tantôt comique, tantôt horrifique, un jour satirique et le lendemain réaliste : chacun l’écrit à sa manière. Cependant, World War Z a l’intéressante perspective de dessiner tout ce qui changerait si une épidémie de zombie arrivait.
Des prémisses au renouveau
Contrairement à bien des œuvres (toutes ?) sur le zombie, World War Z ne se cantonne pas à une temporalité particulière. Ainsi, d’habitude, le début de l’épidémie est toujours évacué rapidement pour se concentrer à la partie survie. Ici, Max Brooks nous propose plutôt la (presque) globalité de la pandémie. C’est à dire de ses tout premiers signes jusqu’à l’adaptation de l’Humanité, à sa recréation et surtout à l’élimination quasi complète des zombies. Ce qui permet de brasser bien plus de thèmes et de réflexion sur l’impact du mort-vivant.
Cette spéculation tient d’ailleurs presque du naturalisme. Max Brooks étudie la rencontre zombie-humain. Ainsi, ces derniers doivent s’adapter et s’instruire sur un ennemi commun et totalement différent de ce qu’ils ont pu expérimenté auparavant. Les causes d’une infection, ses forces et ses faiblesses… tout est analysé par les scientifiques, permettant même de mettre au point un certain guide sur le zombie… ressemblant à s’y méprendre au précédent libre de Max Brooks. Au final, World War Z donne l’impression qu’il y a deux personnages principaux : les morts-vivants et les humains, et on sait presque autant l’un que sur l’autre.
Road tripes
Le livre n’est pas seulement complet sur sa temporalité. Il l’est aussi en termes d’espace. Encore une fois, au lieu de s’intéresser à un point précis de la carte (Londres dans 28 Semaines Plus Tard, un centre commercial dans Dead Rising…), World War Z nous fait voyager. Pas un continent n’est oublié. Ce qui permet tout d’abord au monde entier de s’identifier, mais également, encore une fois, d’étudier l’impact d’une invasion zombie sur différentes topologies, différents climats.
Mais cela sert surtout à Max Brooks de jouer avec la politique. Ainsi, chaque pays réagit à sa façon en interne et en externe. Certains redeviennent conservateurs comme la Russie, d’autres s’effondrent (l’Europe semble être un no man’s land) ou en ressortent grandis. Les zombies de mangent pas que nos semblables : ils redistribuent les cartes de notre monde.
Littéraire avant tout
Si World War Z peut s’apparenter à un livre d’anticipation en essayant de dépeindre complètement une invasion zombie, il reste avant tout un pastiche. Ainsi, Max Brooks ne s’attache pas à un seul personnage, mais à une succession de témoins. Ce qui lui permet de varier les situations. De nombreux passages s’intéressent à l’armée. Totalement désarçonnée, car leur matérielle ultra sophistiquée n’est pas plus efficace sur un zombie qu’une simple balle. Expliquant ainsi pourquoi la pandémie n’a pas pu être contenue.
Mais surtout, cela sert à varier le genre de récit. Dans l’exemple précédent, on a clairement à faire au récit de guerre, avec ses pertes et son héroïsme (chaque soldat semble en dénigrer un autre). Max Brooks s’autorise même quelques folies en partant du côté des samurais, voire même de la pure science-fiction. Que faire pendant une invasion zombie, quand on est bloquée sur une station orbitale ?
Enfin, l’auteur arrive à casser la linéarité de sa fiction, en proposant quelques effets de styles. Des témoignages qui se répondent pour les lecteurs les plus attentifs. Deux ou trois twists sont même distillés parmi ces récits.
Fear the World War Z
Si les zombies semblent être toujours plus nombreux depuis la sortie de World War Z, Max Brooks n’a pour autant rien à craindre. En ayant écrit un livre naturaliste sur ce thème, il tient là l’œuvre la plus complète du genre, sous toutes les facettes possibles. Au passage, pour les anglophones aguerris, signalons la version audiobook, jouée entre autres par Martin Scorses, Simon Pegg, John Turturro ou encore Mark Hamill.
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