Le Parlement Britannique attaque EA et Epic Games


Actus / samedi, juin 22nd, 2019

Si les attaques politiques contre le jeu vidéo sont légion, elles semblent plus importantes ces derniers temps. Elles démontrent plus une volonté de légiférer sur le médium. Après la condamnation des loot boxes par la Belgique et les Pays-Bas, c’est au tour du Parlement britannique de (mal) s’attaquer à la question.

Jeux de dupes

C’est donc une audition de deux heures avec le comité du parlement britannique en charge du numérique, de la culture, des médias et du sport qui a eu lieu. En face de celui-ci : Electronic Arts et Fortnite, et leur jeu Fifa Ultimate Team et Fortnite. Deux titres comportant des loot boxes, et étant pointé comme addictifs. Notons d’ailleurs que le responsable de Candy Crush Saga, King, sera bientôt auditionné également.

Cette réunion aurait pu faire avancer le débat autour des microtransactions, ou du conditionnement du joueur, mais il n’en est rien. Le comité était peu préparé : « les informations que j’ai sont que l’on peut couper le chat, mais pas la messagerie textuelle » alors qu’il n’y a aucune messagerie de ce type dans Fortnite. Tandis que le parti des éditeurs dansait sur les mots :

Nous n’avons pas de spécialiste de la monétisation dans notre entreprise. Ce que nous avons, ce sont des personnes responsables d’établir un magasin d’objets virtuels.

Ce qui est globalement la même chose, d’autant que les spécialistes de la monétisation travaillent en freelance, et ne viennent donc effectivement pas de l’entreprise.

On avance

Cependant, cette audition ne fut tout de même pas une perte de temps. À la surprise générale, les meilleurs arguments furent même du côté des éditeurs. Le comité mit en effet en avant la récente validation d’un trouble du jeu vidéo. Un sujet qui a fait réagir Weissinger, directeur marketing d’Epic Games :

Je pense que l’utilisation du terme d’addiction masque malheureusement la passion que possèdent nos joueurs. La joie qu’ils ont avec nos jeux, je pense que c’est une erreur que de l’appeler addiction. […] Alors oui, je pense qu’il est important que l’on prenne soin de nos joueurs, mais de là à dire que telle personne joue trop… C’est difficile, car je ne sais pas comment définir « joue trop ». Comment est-ce de trop regarder des matchs de football ?

Cette intervention soulève deux choses : comment mesurer l’addiction d’un utilisateur, et l’éditeur doit-il s’en occuper ? Est-ce à lui d’employer des médecins spécialistes pour limiter les dérives ? Comment faire pour punir l’engagement total (quand le joueur dépense trop), alors que ce modèle économique permet de développer bon nombre de titres ?

Notons par ailleurs que le parlement britannique répond que le football ou lire des livres n’est pas un trouble. Là encore, le comité se trompe lourdement de sens et s’enfonce même, en comparant l’industrie vidéoludique à l’alcool. Kerry Hopkins, chargé des affaires juridiques, déclare alors :

Ça ne veut pas dire que l’addiction est inhérente aux jeux vidéo, mais que certaines personnes ont un trouble avec ceux-ci.

Un distinguo important entre « le jeu vidéo est un trouble » et « il est possible qu’il en cause un chez certains utilisateurs ».

Loin s’en faut

Cet audit de deux heures met en lumière un problème essentiel. Le débat et la législation sur l’addiction et les loot boxes ne peuvent avancer sans véritables recherches et spécialistes sur le sujet. Il est important de bien connaître les choses afin de ne pas utiliser des informations erronées, sans quoi les éditeurs esquivent aisément les questions.

On espère que la prochaine réunion avec King sera plus pertinente. Il serait également intéressant de mettre en lumière la responsabilité des parents, car le cas des mineurs fut rapidement évacué. Encore une fois, à cause d’un manque d’informations de la part du Comité du Parlement britannique.
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