Kin : Le Commencement – C’est l’histoire d’un flingue


Cinéma, Critiques / lundi, avril 8th, 2019

Jonathan et Josh Baker ne sont pas très connus. Pourtant, trois sociétés de production, dont Lionsgate, les repèrent, suite à la sortie de Bag Man en 2015. Kin (mal habilement sous-titré « Le Commencement » en VF) est d’ailleurs l’extension de ce troisième court-métrage réalisé par ces frères. Malheureusement, ce qui marchait très bien en 15 minutes peine à décoller sur un long-métrage.

Arte présente

Dans Kin comme dans Bag Man, l’histoire tourne autour d’un banal enfant. Sa vie est tout de même un peu plus rude qu’ailleurs puisqu’il vit à Détroit, ville américaine on ne peut plus défavorisée. Élevé seulement par son père adoptif, Elijah tente de trouver sa place et d’aider son paternel comme il peut. Jusqu’au jour où son frère à peine sorti de prison retombe dans les griffes d’un gang. Ce qui pourrait être un film social va finalement être bouleversé par la découverte d’une arme futuriste, sacrément dévastatrice.

Malheureusement, on s’aperçoit rapidement que les réalisateurs ne savent pas ce qu’ils veulent montrer. Le quotidien d’Elijah est formidablement bien décrit, sans aucun mot, ou presque. Il ne s’agit que de plans qui permettent de comprendre dans quel milieu l’enfant évolue et à quel point il est actuellement perdu. La sympathie est grande pour Eli, qui arrache du cuivre dans des bâtiments en ruine pour ramener quelques dollars de plus, même contre l’avis de son père. Cependant, les réalisateurs nous tirent du décor pittoresque de Détroit (et donc du constat social et géopolitique) pour faire avancer son histoire. Dans un autre registre, It Follows utilisait cette ville tout au long de l’œuvre pour renforcer l’esprit de malédiction.

Malheureusement, la deuxième partie du film est coincée entre la volonté d’inclure l’arme futuriste et construire la relation entre les deux frères qui rattrapent le temps perdu. Kin devient alors un road movie où le fameux fusil est montré de temps à autre, parce qu’il s’agit tout de même de l’élément majeur du film. Il faudra attendre les dernières minutes du long-métrage des frères Baker pour voir ce fusil de Tchekhov en action. Le tout autour d’un retournement de situation que l’on a déjà aperçu quelque part…

Destiny’s child

C’est l’autre problème de Kin. Les deux réalisateurs citent clairement leurs œuvres favorites à l’écran. La borne d’arcade de Terminator 2 est d’ailleurs symptomatique de cela. Tout d’abord, car les Baker s’inspirent de cette saga et de ce film en particulier (l’enfant à problème est sauvé par une machine futuriste, qui le changera à jamais). Mais également parce que Kin transpire le jeu vidéo. Ce qui pourrait être une bonne chose, mais n’est jamais vraiment utilisé. Des hologrammes de The Division aux effets temporels de Quantum Break, en passant par le look de l’arme et des armures futuristes de Destiny : les deux réalisateurs sont indubitablement des joueurs. Mais au lieu de s’inspirer des gunfights des fameux titres précédemment cités, ils ne font que les effleurer visuellement.

Ce problème se justifie par deux choses. Peut-être tout d’abord que Josh et Jonathan sont encore trop jeunes pour se séparer de leurs inspirations. Mais l’explication la plus tangible vient sans doute du sous-titre français : il ne s’agit que d’un premier film d’une hypothétique saga. Malheureusement, il y a peu de chances que l’on voit enfin les deux réalisateurs choisir la voie de l’action puisque Kin est un terrible échec commercial avec seulement 10 millions de dollars de rapporté contre un budget de 30 millions. Pour se refaire, on espère voir les deux frères sur un film social, comme ils savent apparemment le faire.
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