Depuis plusieurs mois, les rumeurs allaient bon train au sujet de Google et du jeu vidéo. Il y a eu les embauches suspectes, puis les brevets et enfin, Assassin’s Creed Odyssey fonctionnant via un onglet Chrome. Le géant américain se devait donc de crever l’abcès, et l’a fait ce 19 mars. L’occasion de répondre : non, Google ne construit pas de console, mais s’intéresse bien au jeu vidéo. Quels ont été les axes de cette annonce ? Les zones d’ombres ? Et surtout, qu’est-ce que cela nous dit de l’industrie vidéoludique ?
Qué s’appelerio Stadia
Après un long discours, Phil Harrison (ancien d’Xbox et de PlayStation) lâche enfin le nom du projet de Google : Stadia. Si la console n’a pas été montrée, c’est tout à fait normal : Stadia se définit comme un service de jeux en streaming. Un peu comme le PS Now, le Xbox Game Pass, avec l’idée d’instantanéité et de mobilité en plus. Ce furent les deux axes majeurs de la conférence. Alors qu’un utilisateur regarde une vidéo d’un jeu sur YouTube, il peut cliquer sur un bouton et jouer immédiatement à ce même titre. S’il le veut, il peut continuer l’expérience sur son smartphone, de manière identique. La transition entre les différents appareils (Android, tablettes Chrome, Chromebooks et Chromecast) nécessite en vérité un microchargement de 2 secondes avant de livrer une très belle version du titre en question.
Alors que la salle semblait électrique devant cette manipulation, la suite l’a endormie. Le deuxième point dont était très fier Google, c’est justement la qualité d’image. Ainsi, la société américaine nous promet de pouvoir jouer en 4K sans problèmes… pour quiconque possède une connexion Internet de 25 Mb/s. De même, le partage de son expérience de jeu pourra également être streamé dans de bonnes conditions, graphiques à l’appui.
Enfin, si Google n’a pas présenté de véritable console, un vestige de notre époque fut tout de même aperçu : la manette. Celle-ci semble être un parfait compromis entre le Dualshock 4 et le Xbox One Controller. Mais encore une fois, des spécificités sont à prévoir. À commencer par une connexion Wi-Fi indispensable pour les appareils Chromecast. En marge du bouton « partage » (permettant d’envoyer captures d’écran et vidéos de jeux), on trouve celui d’aide. Celui-ci fonctionne en réalité comme un Google Home. Soit un assistant connecté auquel on pose sa question de manière orale. On l’a dit, cette manette est tout à fait dispensable pour tout appareil n’utilisant pas Chromecast. On peut ainsi la remplacer par des contrôleurs USB, voire par un clavier-souris.
To be continued
Au final, cette keynote s’avère être une mise en bouche. Une rapide présentation qui sera complétée plus tard dans l’année. Il faut dire que certains points restent encore enveloppés de mystère. Google n’a par exemple pas communiqué son modèle économique. On imagine qu’il s’agira d’un abonnement mensuel, à moins qu’il faille simplement payer les jeux. Justement, c’est l’un des grands points noirs de cette conférence. Pour le lancement d’un service de jeux vidéo, on en a justement peu vu, des jeux. Seuls Assassins’s Creed Odyssey et Doom Eternal furent annoncés de vive voix. On se demande donc si tous les titres seront disponibles, ou si Google se lancera dans la délicate affaire des exclusivités et des partenariats. Enfin, et c’était à prévoir, ce service de streaming ne comporte pas de date de sortie précise.
Ok Google
Si le géant américain en garde clairement sous le coude (pour l’E3 prochain ?), Stadia en dit déjà beaucoup. Ce projet n’est d’ailleurs finalement pas si incroyable que cela, et ce pour bien des raisons. Tout d’abord, rares sont les sociétés à pouvoir se mettre au jeu vidéo (les GAFAM en somme), mais Google est déjà dans cette industrie. Depuis plusieurs années déjà, où les spectateurs vont voir leurs vidéos et leurs streams de jeux ? Les YouTubers sont légion et diffusent un important contenu lié aux jeux vidéo. Sans rien produire, Google est sur ce marché depuis longtemps.
Mais seulement cette fois-ci le géant américain passe véritablement à l’attaque, en ayant bien observé l’industrie. Ainsi, Stadia n’est pas une console, ne dispose pas de jeux en téléchargement et encore moins physiques. Il s’agit uniquement de streaming. Notion particulièrement actuelle, avec le Cloud, l’arrivée de Netflix, mais également du futur de Microsoft. Notons que cette entreprise va faire le pari d’une Xbox sans lecteurs de disques. Google a donc glané toutes les tendances du moment, et peut-être à venir.
Par ailleurs, cette offensive est clairement motivée par une seule chose : créer l’expérience ultime Google. On le rappelle, Stadia marche uniquement sur Chrome OS, permet de jouer via YouTube et possède un assistant Google intégré. En somme, ce service est la synthèse de l’écosystème Google. Sera-t-il également la généralisation du jeu vidéo de demain ? Il est bien plus difficile de répondre à cette question.
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