Total Overdose : John Woo rencontre Robert Rodriguez


Chroniques, Rétro-éclairage / mardi, mars 19th, 2019

Depuis la sortie de Max Payne en 2001, le bullet-time est légion dans le jeu vidéo. Cette mécanique, appelée ainsi en référence à Matrix, permet d’effectuer des cascades au ralenti afin d’esquiver les balles. Cette feature fait donc sensation dans les années 2000. Total Overdose, jeu d’action bien barré, un poil raciste, s’en inspira évidemment, et contre toute attente, influença également d’autres titres.

Once Upon a Time in Mexico

Total Overdose est un mélange débridé entre plusieurs œuvres. Par son contexte, on pense très vite aux films de Robert Rodriguez, et notamment à la trilogie Desperado. On y retrouve tout d’abord une ambiance mexicaine caricaturale. Dans le jeu, le dénommé Ramiro Cruz, aux méthodes expéditives, est dépêché par la DEA, luttant contre un gros trafic de drogues.

Dans les deux œuvres, le Mexique est donc propice aux fusillades acrobatiques, aux explosions, et surtout, à l’incongru. Si Total Overdose reprend, en guise de clin d’œil, le fameux étui à guitare cachant une arme, d’autres extravagances sont également créées. Invoquer un luchador, une pinata explosive ou se jeter dans la mêlée comme un taureau : tous les clichés sont bons pour éliminer les ennemis, et varier les chorégraphies.

Du Mexique à la Chine

Si les développeurs de Total Overdose ont croisé Max Payne et Desperado, d’autres créateurs se sont inspirés du résultat. En 2007, feu Midway sort Stranglehold. Un jeu d’action où l’on incarne l’inspecteur Tequila Yuen. Un personnage déjà vu dans plusieurs films de John Woo, avec Chow-Yun Fat en tête d’affiche. Si l’idée est donc de créer un contenu transmedia, le gameplay ressemble furieusement à celui de Total Overdose. Évidemment, il s’agit dans les deux jeux d’avancer dans le scénario en éliminant des hordes d’ennemis. Le tout, via le fameux bullet-time. Mais là où Max Payne ou Enter the Matrix l’utilisent comme d’une aide, c’est la feature clef de Total Overdose et Stranglehold. Le joueur est invité à en réaliser le plus possible pour tuer le plus rapidement et avec style. Chaque élimination rajoute un multiplicateur de plus, permettant d’engranger des points. Le level design est construit pour maximiser ses derniers. On a donc affaire à de véritables jeux de scoring.

Mais l’inspiration est surtout visible à travers les récompenses obtenues par ces points. Ceux-ci s’échangent contre des sortes de power-ups. Ceux de Stranglehold étaient déjà présents dans Total Overdose. Ainsi, la possibilité de mitrailler sans compter ses munitions, le tir précis (avec suivi de la balle), ou encore éliminer tous les ennemis autour de soi sont dans les deux titres. Évidemment, la mise en scène a changé (on retrouve d’ailleurs les colombes de John Woo), mais la ressemblance est frappante. Seul véritable changement : Total Overdose n’est pas qu’un jeu d’action, il propose également un monde ouvert.

Banderas again

En 2006, Avalanche Studios sort son premier jeu, qui sera également son premier succès. Le titre s’appelle Just Cause, et nous place dans la peau de Rico Rodriguez, travaillant pour « l’Agence ». Sa mission est de renverser le dictateur de l’île de San Esperito. Comme pour Total Overdose, les développeurs utilisent des clichés géographiques. Cette fois-ci, place à la forte inspiration cubaine, via les musiques, les costumes et les véhicules. Avalanche Studios ne cite pas de film spécifique. En revanche, impossible de ne pas voir en Rico Rodriguez l’acteur Antonio Banderas, qui jouait dans… Desperado. D’ailleurs, la fameuse Agence et son rôle trouble ressemblent à la CIA de Desperado 2, ou au DEA de Total Overdose.

Côté gameplay, les gunfights ne se basent pas sur les esquives aériennes, et encore moins sur des points/bonus. Ce qui n’empêche pas Rico d’exécuter moult cascades ridiculement loufoques sur les différents véhicules. On retrouve d’ailleurs la possibilité de se servir d’une voiture comme explosif, en sortant avant qu’elle n’atteigne un obstacle. Car Just Cause et Total Overdose possèdent tous deux la notion de monde ouvert, qu’il faut donc pouvoir parcourir rapidement.

Saints

Si Avalanche Studios s’est fait une spécialité d’étendre ses terrains de jeu, celui de Total Overdose est étriqué, ressemblant plus à un HUB. D’ailleurs, explorer les différends ne sert finalement qu’à deux choses. Tout d’abord, dénicher des armes, des points et des bonus : s’équiper en somme. Mais c’est également l’occasion de réaliser des quêtes parallèles au scénario. Impossible de les qualifier de « secondaires » puisqu’entre chaque réelle mission, il est nécessaire d’achever au moins une de ces quêtes pour débloquer la suite de l’histoire. Un principe étrange, forçant la découverte de la ville. Cette obligation de faire des challenges pour continuer l’aventure, un autre jeu s’en inspira : Saint’s Row. Depuis sa lancée en 2006, la licence de Volition a toujours demandé aux joueurs de réaliser divers mini-jeux barrés afin de gagner assez de réputation pour la suite. C’est surtout un prétexte pour pouvoir créer des défis qui seraient sans doute trop compliqués à incorporer dans de véritables missions.

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