C’est une polémique qui enfle déjà depuis quelques mois. À qui appartiennent les emotes (animation destinée à la communication) de danses que l’on voit fleurir dans divers jeux multijoueurs ? Aux studios de développement ? Au premier l’ayant réalisé ? Et comment appliquer le droit de cette propriété ? Ce sujet paraissant futile, mais qui en énervent pourtant plus d’un vient enfin de trouver une (première ?) réponse.
Définition de popularité
Impossible d’avoir loupé ce phénomène, que ce soit inconsciemment ou non. Ces fameux pas de danse que l’on peut débloquer dans divers jeux envahissent notre quotidien. À commencer par les cours de récréation, puisque les enfants en raffolent. Mais même certaines personnalités s’y sont mises, comme le prouve l’une des célébrations de Griezmann inspiré d’une emote Fortnite. Si cet impact du virtuel dans le monde réel prête à sourire, d’autres grincent des dents.
En effet, ces pas de danse viennent en réalité d’artistes. Alfonso Ribeiro, 2 Milly, Snoop Dog, Donald Faison ou encore Russell Horning sont certains des investigateurs de ces danses récupérés plus tard par Fortnite, Destiny ou NBA 2 K 18. Ils ont d’ailleurs saisi la justice pour appropriation intellectuelle. Une bataille qui se solde par un premier échec puisque l’United States Copyright Office a décidé que les mouvements réalisés par ces artistes se qualifient plus de « pas de danse » que d’un véritable travail chorégraphique. Ainsi, si tout un ballet ne peut pas être copié, quelques mouvements peuvent s’approprier, d’après la lettre du Copyright Office. Fortnite et consorts peuvent donc les reprendre sans problèmes.
Quand l’art rencontre l’argent
Mais le véritable problème est sans doute plus insidieux, comme l’expliquait Donald Faison :
Je n’ai pas reçu d’argent pour ça. C’est la question que vous vous posez non ? Est-ce que quelqu’un a été payé ? Non. Non, je n’ai rien gagné. Quelqu’un a volé mon truc, et ça ne m’appartient désormais plus.
Une déclaration qui présente deux points intéressants. Tout d’abord, est-ce que la popularité n’est pas l’appropriation culturelle ? Lorsque des dialogues de films deviennent cultes, ils sont ressassés par les spectateurs et passent ensuite à la culture de masse. Ce n’est donc pas tant la propriété que son utilisation lucrative qui pose problème. Car si ces emotes ne se monétisaient pas, il n’y aurait sans doute aucun souci. On y verrait là une simple citation, un hommage. Quoi qu’il en soit, cette lettre de l’United States Copyright Office ne sera certainement pas la dernière bataille des victimes des emotes de danses.
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