Il y a quelques semaines, nous vous parlions de l’annonce de Diablo Immortal, qui n’a pas manqué de frustrer les joueurs. Une communication que l’on trouvait hasardeuse puisque les développeurs de Blizzard laissaient des indices trompeurs vers un nouveau Diablo IV. Jason Shreier, journaliste pour Kotaku, a cherché à comprendre cette décision étrange, grâce à l’interview de 11 salariés actifs ou non au sein du studio.
Du Faucheur à Hadès
Afin de bien comprendre la situation actuelle de Blizzard, il est nécessaire de revenir 5 ans en arrière. Fin 2013/début 2014, alors que l’extension Reaper of Souls de Diablo 3 est achevée, les développeurs enchainent le travail sur une nouvelle grosse mise à jour. Cependant, celle-ci est rapidement abandonnée. L’équipe en charge est en réalité démantelée pour oeuvrer sur d’autres projets. Ceux qui ne vont pas sur World of Warcraft ou Overwatch restent alors pour entamer la préproduction de Diablo IV, sous le nom de code Hadès. C’est le réalisateur de Reaper of Souls, Josh Mosqueira, qui prend les commandes et tente une toute nouvelle approche pour cet opus. Il abandonne la vue isométrique habituelle pour un angle de caméra à la troisième personne. Un choix vivement discuté en interne et qui aurait eu raison d’Hadès. En 2016, Mosqueira quitte Blizzard, sans que l’on comprenne véritablement pourquoi, comme l’explique l’un des employés :
Difficile à dire si Mosqueira est parti à cause de l’abandon d’Hadès ou si ce dernier a été abandonné en raison de son départ.
Diablo IV est donc rebooté, sous le nom de code Fenris. Cette nouvelle direction se veut plus proche de ce qui fait le sel de la licence, mais la caméra est encore un sujet épineux. En revanche, l’aspect MMORPG de Destiny semble avoir fait des émules chez les développeurs. Une petite place sociale est à l’étude pour ce quatrième opus. D’ici là, le jeu a le temps de changer puisqu’il serait prévu pour 2020.
Activision
Si la communication externe sur Diablo IV est étrange, cela s’explique donc par cet abandon en cours de développement. Cependant, on voit très bien qu’en interne, les difficultés de compréhension sont également présentes. Notamment sur l’arrêt d’Hadès. La possible cause serait la fusion entre Blizzard et Activision en 2008. Si les CEO rassuraient les joueurs en expliquant que les deux studios garderaient leurs distances, ce temps semble révolu. L’éditeur Activision commence à gérer les finances de Blizzard. Preuve en est, la directrice financière d’Activision a migré chez Blizzard. Dès lors, l’entreprise n’est plus tout à fait la même :
On nous a demandé de réduire le plus possible les coûts de nos opérations, car nous n’avons pas de nouvelle licence.
Un choc renforcé par le départ du cofondateur du studio, Mike Morhaime, en octobre dernier. Les employés le décrivant justement comme un « anti-CEO qui ne recherchait pas le profit ». Serait-ce donc la fusion entre Activision et Blizzard qui fait stagner Diablo IV ? Une chose est sûre, Diablo Immortal est « essentiellement réalisé parce que la Chine aimerait que cela sorte », une raison somme toute financière. Cette porosité entre Activision et Blizzard va bien plus loin que la situation de Diablo IV. À terme, c’est peut-être ce dernier studio qui sera en péril. Souvent admiré pour ses jeux de qualités (tous sans exception ont été des modèles pour l’industrie), Blizzard pourrait souffrir de ce nouveau modèle économique.
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