Laser League – Le calme avant la tempête


Critiques, Jeux Vidéo / jeudi, octobre 4th, 2018

De Doom à The Journey, nombreux sont les jeux soit frénétiques, soit relaxants. Mais on n’avait jamais encore vu de titre alliant parfaitement les deux, dans une véritable montée en puissance. Laser League propose justement ce crescendo, à chaque nouveau round. Une temporalité étrange pour un jeu loin d’être aussi simple qu’il en a l’air.

Tron: Legacy

Depuis sa sortie en 1982, c’est peu dire que le film Tron a influencé de nombreuses œuvres. Laser League ne manque pas cette comparaison, puisqu’il s’inspire clairement des fameuses courses de lumicycles et de leurs traces mortelles. Le jeu propose des matchs contre deux équipes (2 vs 2 ou 3 vs 3) dans une arène en vue du dessus. Quand le joueur passe sur l’un des points blancs (des « nœuds d’énergie ») qui apparaissent, il stimule une barrière laser de sa couleur. Si l’ennemi le touche, il est éliminé. Évidemment la réciproque est également vraie. Le but du jeu est donc d’annihiler l’équipe adverse, sachant qu’activer un grand nombre de lasers favorisera votre victoire. Attention cependant, car les bandes ont tendance à s’éteindre après quelques secondes, et rajoutons à cela que chaque mur de l’arène téléporte le joueur à l’opposé. Si les bases paraissent simples (en tout cas via le didacticiel), c’est tout autre chose lors d’un véritable match.

Faster, Better, Stronger

Ce qui interpelle très vite dès les premières minutes du jeu, c’est l’impression de mollesse, de n’avoir rien à faire. On attend simplement que les points blancs apparaissent pour activer ses barrières. D’autant plus que la musique du titre favorise également un rythme lent. Étrange, car lorsque l’on pense à Tron et ses adeptes, on ressent plus de l’action, de la tension, du suspens… Mais si la première minute du round parait zen, très vite, la partie s’accélère. Le joueur est plongé dans un crescendo qu’il n’avait pas vu venir : les points se multiplient, les joueurs se jettent sur ces derniers et aussitôt l’œuvre zen devient hypnotique et frénétique. Toutes les barrières de couleur se déplacent, tout comme les gladiateurs futuristes, qui tentent autant de tuer l’adversaire que d’éviter les obstacles. Ici, le chasseur est constamment chassé. Le joueur ne doit pas uniquement se concentrer sur son personnage, mais avoir un œil sur le tableau entier, sous peine de disparaître d’un côté pour apparaître en plein laser. Game over ?

La Stratégie Ender

Si l’on a rapidement posé les bases, Laser League est finalement bien plus complexe, et appartient aux œuvres faciles à prendre en main, difficiles à maîtriser. Tout d’abord, en début de partie les joueurs choisissent une compétence active. Celle-ci déterminera clairement la façon d’appréhender le match. Invulnérabilité temporaire, pousser violemment l’ennemi sur plusieurs mètres, étourdir sur une courte zone, voler la couleur d’un laser ou également tuer instantanément le joueur : il y en a pour tous les goûts. Mieux encore, on sent que ces pouvoirs peuvent être couplés intelligemment au travail d’équipe. On pense par exemple à un étourdissement puis à une élimination directe, ou à un vol de laser suivi d’un violent coup d’épaule qui enverra l’ennemi droit dans la barrière devenue traître. Quant à l’équilibre (ô combien important dans ce type de jeu), il se révèle assez bon dans l’ensemble. Il n’y a pas d’attaque imparable, même l’élimination directe peut-être contrée en restant proche de ses lasers. Mais surtout, chaque match se passe en 3 sets de 3 rounds gagnants. Lorsqu’une équipe perd un set, elle peut changer de compétence, mais pas l’adversaire. Pratique pour parer une stratégie offensive, mais peut-être un peu trop grand public, dans le sens où cela rééquilibre trop les chances des équipes.

Cependant, la tactique n’intervient pas que dans les pouvoirs et ses combinaisons. Elle vient aussi du fait que chaque arène a son fonctionnement préétabli. Ainsi, l’apparition des nœuds se fera toujours au même endroit, à la même seconde, selon la map. Il est possible d’être offensif dès les premières secondes de la partie, en se téléportant dans les lignes ennemies pour activer un laser avant eux. Si la plupart des joueurs restent défensifs, la clef de la victoire peut parfois tenir sur la mémorisation des points blancs. Du moins, c’est le cas au début, car ensuite arrive la frénésie. Sans parler des bonus qui apparaissent de temps à autre, pour semer encore plus la pagaille (inversion des couleurs, retour en arrière, accélération…).

Néo-classique

Tour à tour zen, frénétique et stratégique, Laser League déconcerte à chaque round, avant que l’on comprenne et maîtrise chaque mécanisme du jeu. C’est évidemment un titre addictif puisque chaque partie dure à peine dix minutes (les lasers se multiplient trop pour qu’elle continue inlassablement). Les joueurs comblés par cette chasse à l’homme futuriste n’hésiteront pas à lâcher plusieurs « Allez, une dernière » avant d’arrêter totalement. Quant aux autres, ils seront découragés par cette temporalité bien distincte.

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