Alors que la situation semblait bloquée depuis plusieurs années, Sony a opté pour un rétropédalage surprenant, tout en langue de bois. Pour rappel, le constructeur était intransigeant sur la question du crossplay, qui consiste à créer un écosystème où joueurs de consoles différentes peuvent jouer sur le même titre. Et le premier à héberger la PlayStation 4, la Xbox One mais également le PC, c’est Fortnite.
Un long combat
Pour beaucoup de consommateurs, c’est un véritable soulagement. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un sujet devenu central sur la scène vidéoludique. Nombreux sont en effet les joueurs à arguer pour ou contre le crossplay et la position de Sony. C’est donc une victoire pour ceux qui soutenaient ce système ou qui en tout cas ne comprenaient pas le refus du constructeur japonais. Un revirement brutal, puisque fin août dernier, Sony était toujours fermé sur cette question, comme le montre l’article d’Independent :
À propos du cross-platform, nous pensons tout simplement que la PlayStation est le meilleur espace pour jouer. Fortnite, est devenu, je pense, notre partenaire parce que la PlayStation 4 est la meilleure expérience pour les utilisateurs.
En revanche, lorsque l’on parle de cross-platform avec le PC (notamment pour certains titres VR), là aussi Sony évoque « la meilleure expérience utilisateur ». Mais quid de la Xbox One ?
Pris au piège
Si le constructeur des PlayStation cite Fortnite, ce n’est pas un hasard. C’est même un élément de réponse au revirement de situation. Car si Sony avait un partenariat avec le jeu écrasant le marché vidéoludique, ce n’est désormais plus le cas. Preuve en est, la veille de l’annonce concernant le cross-play, Microsoft a sorti un pack comportant une Xbox One S avec… Fortnite. Nintendo est également sur la brèche avec un bundle Switch prévu le 5 octobre prochain. C’est, on le comprend facilement, un coup dur pour Sony, qui perd à la fois un partenariat et donc de la visibilité. En se déclarant adepte du cross-play, le constructeur permet ainsi de regagner des joueurs. « Pourquoi acheter chez la concurrence, alors que vous pouvez jouer sur la meilleure console du moment, avec vos amis, où qu’il soit ? ». En substance, c’est ce que dit Sony avec ce revirement de situation.
Un petit pas pour Microsoft
Que l’on prenne cette nouvelle dans tous les sens, c’est bien Microsoft qui est gagnant. Tout d’abord parce que pendant toute cette campagne, le constructeur américain s’est montré comme le chevalier blanc, défendant les intérêts des joueurs, sans jamais attaquer Sony. Au contraire, de nombreuses propositions et relances publiques ont été faites. Si Microsoft peut se targuer d’une communication parfaite pour ce coup (cela faisait longtemps, il faut le dire), cette société peut également se frotter les mains pour le futur. En effet, maintenant que le cross-platform est en bêta sur Fortnite, le constructeur prépare le terrain pour Rocket League (un titre qui cartonne) et surtout Minecraft, dont la licence a été rachetée par Microsoft. Un bon moyen de rameuter des joueurs sur ce titre. Enfin, à long terme, c’est le système de l’exclusivité qui est remis en cause. Si l’on peut parcourir certaines œuvres sans contrainte de console, pourquoi ne pas appliquer cela sur l’ensemble de l’offre ? Plus subtilement, c’est sans doute cela que Microsoft vise, lui qui n’a pas autant d’exclusivités aussi percutantes que ses deux concurrents principaux. Un retour à armes égales serait parfaitement profitable à la société américaine, pour la prochaine génération de consoles.
La résistance
Il serait cependant illusoire de croire que Microsoft, seul, a ligué les joueurs contre Sony. Il est évident que les éditeurs ont également eu un rôle important dans cette affaire, à base de pression. Si Sony n’y voyait pas midi à sa porte, en revanche, c’est une occasion en or pour les distributeurs, qui ne seront pas freinés par des questions de consoles (notamment entre les diversions PlayStation Pro, Xbox One X…) et de communauté. Pour conclure cet article, on laisse d’ailleurs la parole à Tim Sweeney, CEO d’Epic Games, qui déclarait au micro de GamesIndustry :
Les jeux sont devenus des expériences sociales, tout comme Facebook ou Twitter, et ces expériences ont du sens seulement si les jeux permettent de communiquer avec tous ses amis. Si Sony et Microsoft veulent encourager leur communauté, ils doivent accueillir les amis de leurs consommateurs. Dans le cas contraire, il brise des liens sociaux du monde réel. Prenons le cas des enfants à l’école, doivent-ils se sentir divisés à cause de leur plateforme de jeux ?
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