Gameloft ne va pas bien


Actus / jeudi, juillet 5th, 2018

Cela fait maintenant deux ans que Vivendi a racheté Gameloft aux frères Guillemot. À l’époque, journalistes et joueurs s’accordaient à dire que cela sentait mauvais. C’est l’heure du bilan, et celui-ci est effectivement plutôt négatif.

Sous la surface

Le président du conseil de surveillance, Vincent Bolloré, déclarait l’année dernière :

On nous a expliqué que si Gameloft arrivait chez Vivendi, ça allait s’effondrer, que tous les gens allaient partir. En fait, non seulement les gens ne sont pas partis, mais les résultats montent

Chose qu’Alexandre Pelletier-Normand, vice-président exécutif de Gameloft, confirmait la même année, en pointant du doigt une « rétention historique des employés ».

BFM Business a enquêté sous la surface de ces déclarations, et le constat est bien moins honorable que cela. Tout d’abord, signalons le départ de 14 cadres dirigeants qui ont gentiment ouvert leur parachute doré. Leur contrat stipulait en effet qu’en cas de changement d’actionnaire majoritaire, deux ans de salaire brut leur seraient versés s’ils prenaient la porte. Soit une perte sèche de 8 millions d’euros.

2372 salariés sont également partis l’année dernière, soit 40 % des effectifs. Signalons au passage que les deux tiers étaient des démissions. Un turnover qui a augmenté de 37 % par rapport à 2016. Vivendi pourrait parler d’un remplacement au pied levé puisque 2066 contrats ont été retrouvés la même année… sauf qu’il ne s’agit plus que de CDD. Une position que le porte-parole défend :

Ce sont des postes occupés par de jeunes diplômés, qui très souvent restent une année à ces postes puis évoluent. C’est quelque chose de très courant dans l’industrie du jeu vidéo et sur ces missions considérées comme répétitives.

Et la fameuse rentabilité dans tout ça ?

Avec une OPA aussi hostile, on imaginait que Vivendi avait une idée derrière la tête, et que Gameloft serait transformé en machine de guerre. Il n’en est rien. Tout d’abord, Alexandre de Rochefort, directeur financier de Gameloft, avait prévu un chiffre d’affaires en hausse de 10 %. Pari perdu puisque la croissance a stagné. On pourrait même dire qu’il a reculé de -7 %, car c’est finalement la publicité (deux fois plus importante) qui sauve la mise de Gameloft. Le bénéfice opérationnel visé n’est pas atteint non plus, et stagne à 10 millions.

Gameloft, qui était en première place des téléchargements mobiles depuis 2016 finit en dixième position en mai dernier. BFM Business ironise : Ubisoft est passé 3e sur ce marché, notamment grâce au rachat de Ketchapp.

La société de Vivendi pourra peut-être compter sur la récente sortie de Dungeon Hunter Champions et la prochaine de Asphalt 9 pour améliorer ses chiffres.

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