17 ans déjà que Rez est arrivé sur Dreamcast. On pourrait presque dire que ce jeu ne pouvait que sortir sur cette console, tant elle a connu des titres étranges (pour l’époque). Pourtant, l’œuvre de Mizuguchi est revenue à chaque grosse évolution du hardware, à savoir la HD puis la VR.
Simple comme bouger la tête
La version de 2001 était très simple à prendre en main, celle de 2017 l’est encore plus. En effet, dans Rez, le joueur contrôle uniquement la visée d’un être semblant flotter dans l’espace. Celui-ci doit verrouiller le maximum d’éléments avant de lâcher ses dix missiles par lock. Évidemment, il faudra jongler avec un tas d’ennemis différents, qui ne se privent pas de tirer des boulettes. Rapidement, Rez s’impose comme un jeu d’adresse effréné. D’autant plus que le mode VR propose de viser avec ses propres yeux. Le joueur n’a plus qu’à appuyer sur X afin de balancer une salve. Difficile de faire plus simple en termes de prise en main. Pourtant, il ne faut pas se leurrer, sous ses contrôles enfantins, Rez Infinite devient vite un casse-tête (sans mauvais jeu de mots), tant les ennemis sont de plus en plus nombreux. Il faudra donc recommencer quelques fois (notamment devant quelques boss), mais pas de quoi casser une manette. Rez Infinite a l’avantage de proposer un défi corsé, mais loin d’être impossible.
Plongez dans la matrice de la musique
À l’époque de sa première sortie, les cas d’épilepsies étaient fréquents, tant le monde de Rez est immersif. Il faut dire que ce titre nous plonge littéralement dans le monde de la musique, notamment celle électronique des années 1990. En somme, chaque ennemi touché par vous-même (et vice-versa) produira un son modifiant à la volée la musique du niveau. L’apogée de ce trip musical réside dans le changement de niveau. Des petits objets blancs doivent être touchés 10 fois avant de pouvoir passer au round suivant, tout en rebootant la chanson en cours. Ainsi, il n’est pas rare que l’on se surprenne de bouger la tête pour vaincre les ennemis, mais également pour être en rythme. Vraiment, Rez Infinite invite le joueur à ne faire qu’un avec la musique que ce soit par sa superbe BO ou par ses petites astuces de sound design. La réalité virtuelle permet donc d’améliorer la transe musicale proposée par le jeu, puisque le joueur est enfermé dans ce monde.
De plus, l’oeuvre de Mizuguchi compte également sur une esthétique qui rappelle les scènes où Neo voit l’intérieur de la matrice. Tout y est fait de fil de fer. Que ce soit les ennemis, les décors ou le joueur. Cette esthétique particulière ainsi que l’impression de nager dans celle-ci accentue encore une fois l’immersion musicale dans ce monde on ne peut plus virtuel.
Ready Player One
Qui a dit que les shoot’em up étaient dénués de scénario complexe ? Rez est une véritable proposition philosophique du monde. On est en effet plongé dans un réseau informatique régie par une intelligence artificielle. Chaque niveau est en fait une protection face au virus, incarné par le joueur. Si le postulat de base est déjà peu banal, Mizuguchi invite à une réflexion autour de la technologie et de la vie, notamment via le dernier chapitre du jeu, où l’on explore la naissance du vivant. Cette pensée sur le monde va évidemment de pair avec la transe sensorielle que propose le jeu. La boucle est on bouclée.
1